Accès à la culture

Des passerelles vers l’imaginaire et le rêve, dont notre société semble cruellement manquer.

Quelles institutions culturelles et quels artistes sont prêts à faire davantage, à imaginer avec nous et les habitants, des projets pour renforcer des liens avers la découverte et la pratique artistique ? Quelle prise en considération est possible pour davantage soutenir cette médiation vers l’art et la culture, pour prendre en compte les moyens nécessaires à la mobilisation et l’accompagnement des publics les plus éloignés.

au delà des sorties culturelles, intégrer la dimension culture dans les activités

L’un des objectifs du centre social s’énonce dans une expression : « vivre ensemble ». C’est avec grande satisfaction que nous pouvons constater que ce vocabulaire trouve son application la plus naturelle dans nos sorties culturelles. Même si toutes n’ont pas connu le même niveau de participation des habitants, toutes ont été des moments forts de découverte, de plaisir et de détente. Nous jouons la carte de la diversité en élargissant le nombre des lieux visités mais aussi en utilisant la large palette des disciplines artistiques : peinture, sculpture et expositions aux Musées, musique et danse, cinéma, cirque, art contemporain, culture scientifique.
Au fil du temps passé dans les trajets, vécus autant que faire se peut avec humour et simplicité (pas de stress, ça change), ainsi que dans les moments de découverte, nous sommes toujours les témoins émus d’une complicité qui s’instaure pour mieux comprendre et partager. C’est un plaisir sans cesse renouvelé pour les accompagnateurs de constater que le goût du dialogue est vif et enrichissant.
Ces sorties sont autant d’occasion pour les familles de découvrir des lieux nouveaux, souvent prestigieux, qu’elles ne connaissaient pas et n’imaginaient pas visiter un jour. Elles contribuent fortement à la création de lien social et au developpement de l’autonomie des habitants.

Parfois nous sommes face au constat d’échec : moins de présence, sinon, souvent par les mêmes personnes. Nous cherchons alors à comprendre ce qui peut faire difficulté.

Le mot « culture » serait-il trop pompeux? Lorsqu’ils passent au centre social, sont-ils si pressés par de multiples tâches? Ne sont-ils pas encore convaincus du droit à la culture ? Les informations sont-elles trop nombreuses ou peu compréhensibles ? Peut-être pensent-ils qu’ils seront appelés par téléphone systématiquement ; ce qui est pratiquement impossible compte tenu de la diversité des offres de sorties. Il importe aussi qu’il y ait une démarche active et nous y travaillons!

progresser plus vite en français grâce au théâtre

Les stagiaires que nous accueillons dans les ateliers sociolinguistiques de français ont des profils très différents les uns des autres. Ils ont des demandes très variées dans leur recherche d’autonomie. Nombre d’entre eux aimeraient avoir des ateliers supplémentaires pour progresser plus vite dans leur maîtrise de la langue française, notamment à l’oral.
Nous avons par conséquent conclu un partenariat avec la Compagnie Dassyne, compagnie de théâtre, afin de proposer un atelier d’expression orale par le jeu. Le contenu de l’atelier est un complément des ateliers sociolinguistiques de français destinés aux adultes migrants. Tout en comportant une dimension ludique, il vise un entraînement à des compétences communicatives précises.

gagner en autonomie grâce au musée

Dans le cadre de la convention « Vivre Ensemble », nous nous sommes également saisis d’une proposition du Musée du Louvre. Une bénévole a participé à une session de formation initiée par l’établissement culturel. Elle anime depuis une série d’ateliers auprès des stagiaires en français dont l’objectif est de préparer collectivement plusieurs visites au Musée. Elle travaille en lien avec la référente du Louvre des publics du champ social pour adapter au mieux les visites qu’elle commente elle-même.

Les seniors font leur festival !

L’association Micro cultures a mis en place un projet participatif ambitieux avec les personnes âgées d’Espace19 Cambrai. «Microclimats», a en effet permis de réunir différentes cultures, différents âges autour de 7 ateliers photo dans les parcs et jardins parisiens, suivis de 10 ateliers d’expression pour commenter les photographies.

Ce projet avait également un deuxième enjeu : la mobilité des seniors car comme en témoignent Camille et Marine, bénévoles sur le projet, « En utilisant la thématique des jardins et de la photographie, nous souhaitons motiver les seniors pour se déplacer. » Pari réussi ! 13 seniors se sont investis tout au long du projet qui a abouti à un festival culturel dans le Jardin d’Agronomie Tropicale de Vincennes. 20 photographies ont été exposées au Pavillon de l’Indochine afin de valoriser le regard photographique des seniors.

l’art pour tous dès le berceau

Il s’agit de lutter contre les inégalités d’accès à la culture et de permettre à tous les enfants de développer une sensibilité à l’art. La halte-garderie Espace19 Ourcq a pu proposer des spectacles de marionnettes adaptés aux plus jeunes, en faisant intervenir une comédienne, et des ateliers d’éveil musical pour les enfants et leurs parents grâce à Isabelle Bindé de l’association Plume et Tempo.

Dans les autres structures nous avons pu amorcer cette démarche en nous appuyant sur un engagement solidaire et citoyen d’artistes qui ont répondu favorablement à notre demande de venir faire découvrir aux tout petit leurs instruments de musique (Contrebasse, Djembé, Bandonéon, guitare, violon, etc.) et à travers différents styles musicaux ( tango, classique…).

Evidemment tous les enfants ont déjà entendu de la musique, écouté des chansons et entendu ces instruments dans les contes musicaux ; mais pour leur très grande majorité, ils ont découvert l’instrument et le musicien. Ils ont pu écouter, observer, manipuler. Une richesse difficile à mesurer pour les enfants et leurs parents.

envie d’en faire encore plus…

La limite de telles démarches résident dans les moyens financiers dont nous disposons. Nous voudrions faire beaucoup plus. Nous sommes notamment très limités aussi, en terme de sorties, très contraignantes en terme d’encadrement, alors que nous avons une richesse de partenariat incomparable : 104, structures de la Villette, qui ont mis en place un parcours adapté, Théâtre Paris Villette, bibliothèques, Grand Parquet, etc.

Il y a là donc un combat pour l’égalité à poursuivre : de très nombreux petits parisiens mettent à profit avec leurs parents l’offre unique qui est proposée dans notre capitale, mais ce n’est pas le cas d’une grande partie de notre public. Les inégalités commencent dès la petite enfance, pour reprendre le titre d’un rapport de Terra Nova, paru en 2014.